Passé le tollé et mon rognotudju en direct, je vous propose de prendre un peu de hauteur. Il est important – aussi – de se poser les bonnes questions au sujet de cette annonce de VMware si “brutale” sans aucune autre forme de communication. Finalement, est-ce que le géant de la virtualisation n’est pas en train de préparer le terrain à une refonte beaucoup plus profonde de son mode de licensing, et si oui, pourquoi ?
Le fait est que le billet du 4 Février sur le changement concernant le ticket d’entrée vSphere ESXi pour les CPU supérieurs à plus de 32 cœurs fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis 24/48 heures. Il n’a échappé à personne que la grande majorité des réactions sont plutôt épidermiques (comme la mienne d’ailleurs, même si comme toujours, je force le trait, je pense que ça s’est vu ^^). Maintenant, il faut aussi mettre en perspective une communication via Twitter du compte VMware vSphere, plus récente encore, indiquant une “annonce” d’ici la fin du mois de Mars. Nul doute, en tout cas de mon point de vue, que c’est la nouvelle version majeure de vSphere qui sera annoncée, peut-être même comme GA, que tout le monde attends depuis des mois, en vérité.
Nouveau modèle de licensing à l’occasion de la sortie de vSphere NEXT ?
On peut noter aussi que, dans le billet original d’où tout est parti, il est clairement indiqué que jusqu’à fin Avril, les clients peuvent continuer à acheter des licences au forfait “socket”, sans considération de cœur. C’est quand même curieux : annonce de vSphere “NEXT” fin Mars, fin de la politique au socket d’ici fin Avril. Juste le temps de revoir, pourquoi pas, en profondeur la politique de licensing de vSphere NEXT et derrière, dérouler aussi sur d’autres produits du portfolio de VMware. On pourrait imaginer que désormais, à partir de cette nouvelle majeure, un nouveau mode de facturation voit le jour avec un espèce de contrat “au cœur” incluant d’autres fonctionnalités que la simple virtualisation historique. N’oubliez pas que le nouveau vSphere amorce un changement structurel fondamental avec l’intégration de l’orchestrateur Kubernetes en son sein (voir le projet Pacific). Y a-t-il un autre modèle de souscription possible en même temps que ce virage technologique ?
Futures licenses englobant plus de fonctions que le simple ESXi ?
De même, de plus en plus, la base ESXi devient juste “un début” à la construction d’environnements de production, ce n’est plus du tout une finalité, mais juste une brique de base, un socle sur lequel on va déployer du VSAN et du NSX, au moins. Pour moi ce sera un standard dans une grosse partie des productions d’ici 3/4 ans. Qu’on ne s’y trompe pas, Nutanix est aussi dans cette dynamique et je pense qu’on ne peut pas ignorer la comparaison entre les deux frères ennemis.
Coté purement financier, il est clair aussi, même si on peut le regretter, que VMware a un problème de fond avec la multiplication des coeurs sur les CPUs, que ce soit aujourd’hui plus prégnant avec AMD et ses nouvelles architechtures pleines de promesse n’est qu’un aspect de la question. Est-ce que le double socket a encore du sens si vous devez renouveler vos productions moyennes de quelques centaines de VM ? Posez-vous la question ;)
Il possible aussi que cette réorientation soit liée aussi à l’arrivée prochaine (questions de mois je pense) de ESXi ARM. Même si pour le moment cela reste un marché de niche, peut-être que le futur mode de licensing sera plus adapté en terme de coût pour cette architecture.
Anticiper le futur du datacenter ?
Rappelez-vous enfin les orientations moyen/long terme du le “software-defined hardware”, que j’appelle plutôt le futur “datacenter hardware as a service”. J’en avais parlé dans mon billet compte-rendu de ma rencontre avec les ingénieurs derrière ESXi ARM : à l’avenir on viendra sans doute consommer du commodity hardware et construire des serveurs à partir de fermes de processeurs banalisés, de ressources graphiques en mode appliance etc (à relire ici, dans le paragraphe “De la smart NIC au futur du DataCenter”). Comment licencier un “hyperviseur” basé sur des ressources non figées, qui évoluent d’un jour à l’autre en fonction de la charge de travail ? D’ailleurs, Intel propose déjà des monstres de 64 voire 72 cœurs (Xeon Phy), qui préfigurent par leur mode d’utilisation via le bus PCIe l’orientation de fond de l’industrie de l’IT). Peut-être aussi que le futur modèle de licensing répond à cette question : des unité d’oeuvres génériques et universelles pour la facturation de l’ingénierie logicielle et l’orchestration de tout cela. Vaste sujet !
Conclusion
Pour l’instant, clairement, ça passe mal, surtout en cette période où les arbitrages budgétaires font mal, car il n’y a aucune explication ni au moins un minimum de pédagogie. C’est une erreur pour moi, d’autant plus si ce que je viens d’évoquer est vraiment le futur paradigme pour VMware. les gars, vous déconnez un chooya en ce moment au niveau communication…
Ceci étant dit, même sans rappeler que VMware reste avant tout une société à but lucratif, concédez tout de même que la question est sans doute plus profonde qu’un simple “ajustement” pour contenter la bourse et les investisseurs. Alors, au final, grosse erreur de com’, voir de timing, ou publication réfléchie pour “tater le terrain” et habituer progressivement les esprits à un changement encore plus profond d’ici la fin du premier semestre ? L’avenir nous le dira, forcément.
Comme quoi, c’et bien de troller, c’est rigolo, ça fait du bien (je vous jure, faites le un jour, vous verrez ^^) mais après une nuit de sommeil, Cela fait aussi se poser des questions intéressantes qui vont jusqu’à la conception du DC de demain :)
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