Il y a un peu plus de deux ans, lors du VMworld 2015, j’avais eu l’occasion de longuement discuter avec un ingénieur de chez Netapp au sujet du positionnement stratégique de la société et de son apparente passivité, marketing’ment parlant tout du moins, vis à vis de l’explosion Hyper-Convergée à l’époque. La réponse m’avait parue disons, ambigüe, ou tout du moins pas forcément très claire. En résumé, j’avais traduit cela par : “On y travaille, mais on est pas prêts”.
Depuis, les choses ont beaucoup bougées et même si, de mon point de vue, Netapp a mis pas mal de temps à se réveiller sur ce sujet, force est de constater qu’aujourd’hui, la nouvelle offre HCI du constructeur, basée en grande partie sur la technologie de Solid Fire, racheté il y a deux ans (voir ce billet), présente sur le papier une approche très originale et qui pourrait faire mouche auprès des clients.
Après avoir reçu l’équipe commerciale de Nantes très récemment, je vous propose dans ce billet de revenir sur son offre globale en 2018 et faire un focus sur sa solution hyper-convergée, appelée simplement “Netapp HCI”.
Netapp en 2018
Vous le savez tous, j’imagine, le coeur historique de Netapp c’est l’enterprise NAS avec data OnTAP, son logiciel embarqué. Depuis plus de 25 ans désormais, OnTAP est connu et reconnu pour ses nombreuses qualités en matière de stabilité et de richesse fonctionnelle. Aujourd’hui OnTAP est décliné sur de nombreuses gammes hardware et continue d’évoluer. Pour autant, la société s’est énormément diversifiée et se présente maintenant comme une entreprise de “Data Management”.
De plus, la plupart des indicateurs financiers sont actuellement au vert, notamment sur le segment SAN où l’entreprise est encore en croissance face à ses principaux concurrents, HP ou Dell EMC en tête, dans un marché par ailleurs atone. Les raisons principales, du point de vue du constructeur sont : une offre claire et simple, mais complète, un positionnement tarifaire compétitif, des algorithmes de QoS et d’optimisation/réduction de donnée très efficaces et un ensemble d’outils de migration performants. Si l’on rajoute à cela des engagements contractuels sur les taux de réduction de données, on obtient une offre très attractive. Je veux bien les croire, tant je trouve, pour ne parler que de Dell EMC, que la pléthore de solutions disponibles brouille beaucoup le message commercial actuellement.
Netapp dispose en outre d’un catalogue de produits hardware particulièrement riche aujourd’hui : NAS, SAN, VTL, Appliances de backup, l’offre AFA Solid Fire bien sûr et plus récemment, Netapp HCI dont on reparlera tout à l’heure. En complément de cette offre “physique”, l’entreprise propose également, pour une grosse partie de son écosystème, des version uniquement logicielles de ses produits, à utiliser sur des infrastructures virtuelles.
Vous pouvez donc acheter un NAS clef en main, “OnTAP Select”, disposant de toute la richesse fonctionnelle de son aîné, mais aussi la version “VM” de la solution de VTL Altavault, voire même StorageGRID, la solution de stockage objet compatible S3 etc. Quelle bonne nouvelle ! Cela ouvre des perspectives inédites en matière de déploiement, notamment en tant qu’hébergeur IAAS. D’ailleurs, j’ai d’ores et déjà demandé à Netapp de me mettre à disposition une licence d’évaluation et le package logiciel de OnTAP select pour vous faire un joli billet de découverte. Ca devrait arriver dans les prochaines semaines.
Enfin et pour compléter le tableau, Netapp dispose de toute une panoplie de logiciels vous permettant de développer votre production dans une approche cloud hybride, avec de nombreuses possibilités de réplications asynchrones ou backup/restaurations entre OnPrem / OffPrem.
Netapp HCI
Derrière un nom très sage, se cache en fait le nouveau fer de lance hyper-convergé de Netapp et une approche vraiment originale par rapport au reste de la concurrence. NetApp HCI repose pour l’essentiel sur un SDS issue de l’offre Solid Fire et tente de supprimer un des points faibles de nombreuses solutions concurrentes : la nécessité d’acheter du compute et du stockage ensemble, lors d’une extension de la grille scale-out existante. Avec Netapp HCI, chaque fonction est bien identifiée et vendue séparément.
Reposant exclusivement sur les technologies VMware vSphere, chaque ensemble Netapp HCI repose donc sur des briques compute ou storage, formant ensemble un environnement auto-géré. De plus, la volumétrie globale ainsi constituée est exploitée via la technologie VVOL ! On peut saluer ici Netapp qui fait un choix assez radical mais compréhensible : produire une offre qui réconcilie les mondes legacy SAN et hyper-convergé en prenant le meilleur des deux, bien vu (moi qui adore VVOL, je suis comblé, voir ici pour les détails de cette technologie). Si, malgré toutes ses qualités, vous ne voulez pas de VVOL, sachez que vous pouvez également utiliser le stockage via du datastore iSCSI classique.
Grâce à son ADN Solid Fire, le stockage de Netapp HCI est capable de se répliquer en asynchrone vers du data OnTAP classique ou virtuel, autorisant la mise en place d’un PRA vers le cloud ou sur un site distant, sans pour autant disposer de l’offre HCI du constructeur. On peut même envisager, pour de la sauvegarde, de dumper les VMs hébergées vers des buckets Amazon S3. Vous pouvez, si vous le souhaitez, déclarer plusieurs clusters VMware au sein de votre ensemble HCI, qui partagerons le stockage, évidemment.
Pour simplifier (sans doute à l’extrême), on peut dire que Netapp HCI est la réunion d’un cluster AFA Solid Fire et d’une ferme de serveurs VMware ESXi, enveloppé dans un beau papier cadeau d’intégration et d’automatisation. Du coup, certains ergoterons que – de facto – on ne peut plus dire que techniquement cette offre est hyper-convergée mais seulement convergée. Certes, mais dans la pratique, le but d’un HCI c’est avant tout une offre globale et intégrée, un guichet unique pour le support et la maintenance et une approche scale-out. En cela, Netapp respecte le cahier des charges et peut donc se frotter directement avec les ténors actuels sur ce segment. Après tout, Nutanix le fait déjà avec ses noeuds “storage only” depuis plusieurs mois et personne n’a trouvé à y redire :)
Pour terminer, sachez que Netapp livre ses ensemble dans des chassis haut densité 2U disposant chacun de 4 slots serveurs et de 24 emplacements disque, comme ses concurrents. Le minimum pour un cluster fonctionnel aujourd’hui est constitué de 4 noeuds de stockage et 2 noeuds de compute.
Un nouveau trublion dans le segment des HCI
Malgré certains oiseaux de mauvaise augure, forts du constat des nombreuses consolidations du secteur depuis 3 ans, qui annonçaient le déclin de la société, Netapp est encore là et bien là ! Avec un portefeuille d’applications, produits, appliances virtuelles, doublé d’une santé financière solide, nul doute que l’on est pas prêt de la voir disparaître de nos datacenters. Mieux, la solution Netapp HCI me semble digne de figurer dans les appels d’offre face à des Nutanix, VxRail ou HP Simplivity.
Prochain objectif pour moi : PoC’er OnTAP select rapidement ^^
Merci à Jacques et Matthieu pour leur visite et leur présentation !