C’est donc, fait, après le teasing de cette “nouvelle aube”, Dell et EMC sont officiellement mariés. VMware vient également s’ajouter au “portefeuille” de la marque étendard Dell Technologies, dont j’ai déjà pas mal parlé ici même. Nul besoin je pense de refaire l’histoire de cette énorme opération, tant la plupart des médias IT se sont répandus en articles de fond sur les enjeux, les risques, mais aussi les opportunités et les forces de cette nouvelle entité.
En fait, le SWOT de Dell Technologies est plutôt en faveur d’un mariage de raison, tant le savoir faire des trois maisons sont complémentaires ne serait-ce qu’en matière de technologies Datacenter : Dell pour sa chaîne logistique et la qualité de ses serveurs x86, EMC pour sa position de leader dans le monde du stockage legacy et flash et enfin, VMware et son hégémonie dans le monde de la virtualisation et du cloud privé généraliste. Ce triptyque “de rêve”, pour certains, semble être à même de construire une énorme machine qu’il sera bien difficile de contrer pour ses adversaires, fussent-ils Cisco, Netapp, Nutanix, HPe, même avec l’aide opportuniste de Microsoft.
Maintenant, toute la complexité sera à mon sens de trouver un juste milieu entre la volonté évidente de construire des solutions “intégrées” et pure jus Dell Technologies comme VxRAIL par exemple (même si pour le moment la plateforme hardware n’est pas du Dell, nul doute qu’elle a toute intérêt à la devenir à terme) et la nécessité de conserver une approche pragmatique et horizontale pour maintenir intacte la très grosse base de partenaires technologiques. C’est vrai sur le logiciel bien sûr, mais aussi pour VMware et ses partenaires sur le stockage, pour ne citer qu’eux. C’est aussi un enjeu commercial en terme de visibilité dans les lignes de produits (j’en ai parlé vis à vis du monde de l’Hyperconvergé il y a quelques semaines, ici)
D’autre part, afin de pouvoir rembourser le colossal investissement de Dell, il va bien falloir trouver des “facteurs d’optimisation des coûts”. Même si Michael Dell a sans doute l’ambition de conserver un maximum de personnes, il sera peut-être contraint au minimum de regrouper certains métiers (la logistique et la maintenance par exemple) et cela ne se fera pas sans beaucoup de doublon et au minimum du reclassement ou de la mobilité interne. On en apprendra plus dans les mois qui viennent, ne serait-ce que par nos contacts terrains. Peut-être même que certaines “branches” spécifiques ou redondantes seront cédées si elle ne font plus sens au sein du groupe, comme cela a été le cas cette été avec la division logiciels et services de Dell (voir ici, notamment).
Enfin, coté client, je suis personnellement relativement serein. Nous avons toujours eu d’excellentes relations avec Dell et EMC depuis plus de 10 ans maintenant et les affaires ont toujours été win-win de mon point de vue. Sans extrapoler naïvement et généraliser notre cas particulier à l’ensemble des clients, ce serait de toutes façons se tirer une balle dans le pied que de casser cette confiance, Michael Dell l’a d’ailleurs rappelé récemment : le fait que Dell Technologies ne soit pas coté en bourse nous donne toute autonomie pour concentrer 100% de nos efforts vers le client (sous entendu : et pas 50% client, 50% actionnaires ^^).
Donc, pour résumer, longue vie à Dell Technologies et jugeons sur acte, comme toujours, les orientations et performances de ce nouveau mastodonte de l’IT !