Si vous ne vivez pas sur une autre planète IT que la notre, vous savez certainement que VMWorld 2015 aura lieu la semaine prochaine à San Francisco. Cette édition s’annonce importante à plus d’un titre. D’une part, la maison mètre de VMWare, EMC, est actuellement en pleine cogitation sur son avenir (fusion avec HP ? fusion entre EMC et VMWare ? les discussions vont bon train …) et d’autre part, l’arrivé de vSphere 6 en Mars dernier a permis de lancer tout un tas de nouvelles technologies et d’évolutions qu’il s’agit désormais de vendre (et pour nous, clients finaux, d’exploiter ou tout du moins d’envisager leur utilisation à moyen terme).
Dans ce contexte, je vous propose un petit tour d’horizon de ce que, de mon point de vue, cette future grand messe de la virtualisation et du cloud peuvent nous apporter.
Quid de l’avenir d’EMC
EMC est depuis quelques mois déjà dans une logique de renouveau et de ré-orientation stratégique. En effet, la mutation engagée par toute l’IT vers le Software Defined a fait bouger les lignes et bousculent déjà les constructeurs de hardware dédiés historiques. L’arrivée en fanfare du SDS est une révolution à plus d’un titre (j’y reviendrai plus tard) et elle a pour conséquence directe de littéralement banaliser le matériel (les anglo-saxons parle de commodity hardware). On imagine fort bien les sueurs froides des grands du stockage qui, en se projetant dans quelques années, voient inexorablement leur solutions monolithiques délaissées au profit de solutions logicielles pilotant des paquets de serveurs en vrac avec des dizaines de disques low-cost ;)
En tout cas, les choses vont bouger très certainement d’ici la fin de l’année de ce coté et VMWorld 2015 sera peut-être le lieu pour toute ou partie de ces annonces de changement de stratégies ou de resserrement des rangs au sein de la Fédération EMC/VMWare/Pivotal/RSA.
La montée en puissance du Software Defined Network
Je l’évoque depuis plus d’un an maintenant, je suis convaincu que les plus grands progrès qui restent à faire dans le monde de l’entreprise aujourd’hui en matière de consolidation d’infrastructure concernent le SDN. En effet, les technologies réseau et les ingénieurs chargés de leur exploitation ont encore et toujours le matériel chevillé au corps. Dans beaucoup de sociétés et institutions, il existe encore une frontière importante entre “les infras” (Stockage, Serveurs, Virtualisatiuon) et “le réseau”. Or, là où il y a encore une dizaine d’années, tous les flux réseau de l’entreprise étaient entièrement maitrisés par les équipes éponymes, désormais, la seule visibilité qu’ils ont se limite tout au plus au grosses artères de transit et aux échanges entre hyperviseurs. Là où auparavant, cette vision très fine permettait de gérer la QoS et anticiper les besoins en bande passante, désormais, la vision périmétrique du réseau ne permet plus cette gestion et ce capacity planning.
Il est désormais plus qu’important de remettre nos équipes réseau au centre des communications IP de l’entreprise : au centre des outils de virtualisation. Et pour arriver à cet objectif, il faut intégrer la virtualisation du réseau à nos environnements actuels et que cette intégration se fasse “dans le langage de l’ingénieur réseau”, qu’il puisse retrouver rapidement ses marques et puisse retrouver la place centrale qui lui est due.
Pour cela, VMWorld va sans doute encore une fois appuyer lourdement (à raison !) sur VMWare NSX, la solution SDN de l’éditeur. NSX s’intègre de mieux en mieux à l’écosystème de l’éditeur. Cela en fait une brique fondamentale pour envisager un passage au full SDN de nos Datacenters. De la même façon, des constructeurs comme Brocade et bien entendu Cisco se placent de plus en plus dans ce marché en pleine constitution.
La disponibilité de la technologie vVol
vVol ! Et oui, on l’attend depuis plus de deux ans. Or, depuis vSphere 6, les APIs sont disponibles coté VMWare et tout est prêt. Impossible de passer à coté de cette nouvelle approche du stockage, tant les avancées sont nombreuses et promettent une gestion quasi parfaite de la qualité de service fournie par nos baies et nos futurs SDS. Aujourd’hui, on attend des annonces de disponibilité de solutions compatibles vVol d’a peu près tous les grands nom du stockage. Au passage, EMC vient de faire un premier pas dans cette direction avec la publication d’un environnement Virtual VNX compatible vVol (à découvrir ici). Encore un joli PoC en perspective !
Il est clair que ce VMWorld est le moment idéal pour avancer ses pions et je suis curieux de voir quels annonces seront faites par NetApp, HP, HDS, EMC et consorts sur ce sujet la semaine prochaine ;)
Une forte dynamique marketing vers le cloud Hybride
VMWare n’arrête pas d’en parler depuis des mois, EMC aussi, et tant d’autres bien sûr : le cloud hybride est prêt et il est désormais envisageable de l’évaluer comme une alternative crédible au tout on-premise. L’offre est “forte”, la demande sans doute timide en dehors des U.S. mais nul doute que ce mode de consommation de puissance de virtualisation sera un des éléments important de nos infrastructures de production/test/dev dans les années qui viennent. A quelle vitesse irons-nous, par contre, difficile de le dire, d’autant que de mon coté, je travaille dans un environnement (la Santé) où la sécurité et la confidentialité des données est une obligation règlementaire et plus, un enjeu majeur pour nos “clients” et se faisant, les obstacles légaux et culturels restent importants.
Le Software Defined Storage
Le SDS, vous le savez, c’est ma grande passion :) . De toutes les technologies émergentes actuellement, c’est sans aucun doute une des plus disruptive, plus encore que le SDN. Abandonner nos baies et équipements dédiés (Fibre Channel par exemple), sur lequel s’appuie aujourd’hui et depuis une vingtaine d’années l’ensemble de nos ressources de stockage, au profit d’une solution logicielle pilotant intégralement un gros paquet de disques “en vrac”, c’est un vrai changement de culture, aussi radical que le passage à la virtualisation elle-même. Pour autant, le SDS est plein de promesses : baisse des couts, amélioration de la scalabilité, linéarité des performances, gestion avancée du stockage hiérarchique ; bref, que du bon, en théorie du moins.
VMWorld 2015, là encore sera sans doute l’occasion pour des nouveaux entrants comme Atlantis par exemple, de faire découvrir au plus grand nombre leur vision du SDS, leur approche technologique. Cela nous permet, coté client, de consolider notre vision du marché encore jeune du SDS et préparer la mutation de nos infrastructures à moyen terme.
L’hyper-convergé
Ils sont tous présents depuis quelques années déjà : Nutanix, Simplivity et maintenant les solutions VMWare EVO:Rail. Ce VMWorld sera également, c’est certain, le terrain des annonces de solutions intégrées EVO:Rail par les grands constructeurs, voir du lancement des offres commerciales. Ce sera aussi le moment de réellement comparer l’offre de VMWare par rapport à la concurrence – féroce – notamment vis à vis de la politique de licensing proposée.
Quoi qu’il en soit et d’une manière générale, VMWorld 2015 sera vraisemblablement et comme tous les ans, une semaine intense en informations et annonces diverses. C’est désormais un rendez-vous mondial qui compte et je ne saurais que trop vous conseiller d’y participer, si vous le pouvez. Personnellement, il y a de fortes chances que je puisse être à Barcelone en Octobre prochain et j’ai déjà hate d’y être ;)