MAJ du 31/05/2015 : quelques modifications.
Habituellement, je ne parle pas ici de nos projets métiers au sein de notre institution car d’une part, ce n’est pas l’objet de ce blog et d’autre part, mes compétences fonctionnelles sont très limitées, surtout dans notre domaine d’activité, la santé. Ceci étant, je vais faire une exception pour cette fois car, elle le vaut bien, comme dirait la publicité bien connue :) . En effet, nous vivons actuellement un événement qui ne se produit en moyenne qu’une fois tous les 15 à 20 ans au sein de grands établissements de santé comme le notre : un changement de dossier patient informatisé.
Depuis maintenant 3 ans, nous menons un projet de refonte complète de l’ensemble de notre “noyau patient” dans sa partie la plus critique : le dossier médical. Historiquement, les grands centres hospitaliers ont tous déployé à partir de la fin des années 80, début des années 90, un dossier patient administratif (gestion de l’identité, facturation des services etc. …). Au fur et à mesure, ce dossier s’est enrichi de fonctions de plus en plus proche de l’activité de soin (parcours patient au sein de l’établissement, annexes de type compte-rendu médical, programmation des rendez-vous etc. …), mais “la norme” voulait, jusqu’au début des années 2000 qu’en aucun cas un incident informatique ne devait avoir un impact sur le soin. Oui, mais ça, c’était avant !
A partir du milieu des années 2000, sont venus se greffer à ce dossier patient “administratif” des fonctions purement médicales (compte-rendus de laboratoires, liaison avec des “dossiers de spécialité” gérées par des applications satellites spécifiques). De notre coté, nous avons même “sauté le pas” du dossier médical en faisant développer par notre fournisseur une extension dédiée à l’activité de soin depuis plus de 5 ans maintenant. Mais, au final, la conception même du dossier patient reposait encore sur un noyau “administratif”, dont le but n’était pas conceptuellement de suivre l’ensemble de l’activité de soin. De plus, une nouvelle frontière, enjeu critique, vient aujourd’hui peser sur cette conception issue des années 90 : la prescription connectée, c’est à dire le fait que l’informatique soit apte et habilitée à piloter elle-même des équipements médicaux. Comment vous sentiriez-vous si je vous dit que certaines injections de drogues ou de médicaments seront bientôt entièrement pilotées par l’informatique, sans que l’infirmière ou le médecin n’ait à intervenir ? (maj: en fait, ce n’est pas tout à fait exact, l’injection ou les injections elles-mêmes doivent forcément être “acquittées” par un soignant quoi qu’il arrive, par contre, la posologie est poussée directement par le système … on est sauvé :) )
Dans ce contexte, l’ensemble de la chaîne de production de soins se devait d’être revue en profondeur pour faire face à ce mur de responsabilité et pouvoir le franchir dans les meilleures conditions. Pour résumer, il nous fallait de nouvelles fondations solides pour ce noyau patient médical.
Demain, Mercredi 27 Mai 2015, sera un grand jour pour l’ensemble de notre établissement (et vous imaginez sans peine le stress et la mobilisation de l’ensemble de la direction informatique je pense), car nous allons lancer en production notre nouveau noyau patient. Cela représente des milliers d’heures de travail préalable, des centaines de services impactés, des milliers de personnes formées et une infrastructure informatique adaptée en back-end, bien évidemment. Vous pouvez enfin, sans doute, mettre en perspective tous les billets de ce blog où j’ai décrit une grande partie de nos investissements et de nos chantiers de restructuration sur le stockage, la sauvegarde, la virtualisation etc. … : ils étaient en grande partie liés à ce “Big Bang” dont l’aboutissement sera, pour sa première phase, la mise en production du nouveau noyau.
Pour autant, l’aventure ne s’arrête pas là, car notre établissement a pour ambition, au cours des 10 prochaines années, de se transformer en véritable “Hôpital Numérique”, un état dans lequel 100% des processus de l’Hôpital sont informatisés, depuis la logistique à la prescription, en passant par la gestion administrative, la facturation, les process qualités, les liaisons entre toutes les spécialités et le noyau etc. … Les enjeux sont très importants mais le retour sur investissement potentiel l’est aussi, avec une généralisation de ce que l’on appelle “l’ambulatoire” (le patient arrive le matin, se fait soigner et repart chez lui le soir) rendue possible, précisément, par une informatisation complète de la chaîne de production de soin.
Pour conclure, à partir de demain, notre institution sera dotée des fondations pour se transformer d’ici la fin de la décennie 2010 et aborder à l’horizon 2022-2025 un nouveau chantier colossal : son déménagement dans des nouveaux locaux flambants neufs, pensés, eux aussi, pour l’Hôpital Numérique ! Mais ça, c’est une autre histoire …